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UNE DE PERDUE

— Si vous n’eussiez pas accepté la tutelle de l’orphelin Jérôme, on n’aurait peut-être jamais découvert le fils et l’héritier de monsieur Meunier. Il y a dans tout ceci le doigt de Dieu ; et si la providence s’est servi de vous, pour faire découvrir le jeune Meunier dans l’orphelin de l’hospice, elle voulait que vous lui servissiez de père. Ce qui, il y a quelques jours, n’était qu’une faveur de votre part est maintenant une obligation. Si vous ne vous sentiez plus au cœur d’attachement pour l’enfant, la religion et le devoir vous forceraient de rester son tuteur, alors même que la loi ne vous y obligerait pas !

— Ah ! monsieur le juge, n’allez pas croire que l’effrayante responsabilité que ma position m’impose, m’ait fait perdre de la tendresse que je porte au fils de mon ami !

— Je le sais bien.

— Non, oh ! non, loin de là, répondit le docteur d’un air résigné, et comme une marque de l’attachement sans bornes que je ressens pour lui, je me soumets à la volonté de Dieu et je consens à administrer les biens du jeune Meunier, sinon avec talents, du moins avec intégrité et exactitude.

— Je savais bien que le devoir l’emporterait sur toutes les objections !…

En ce moment on entendit dans la rue, une voix qui chantait à tue-tête :

« Montre-moi ton petit poisson. »

Le docteur mit involontairement la main dans ses poches, pour voir s’il avait bien ses pistolets.

— Voici, continua le juge en remettant un papier au docteur Rivard, voici un avis que j’ai préparé