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UNE DE PERDUE

Le docteur Rivard se passa la main sur le front, et demeura quelque temps plongé dans la plus profonde réflexion, comme s’il eut voulu rappeler à sa mémoire d’anciens souvenirs.

— Pardonnez, je suis obligé de recueillir mes souvenirs, la chose m’était tellement échappée de l’esprit.

— Prenez votre temps, docteur.

Et le juge tisonna le feu, dans lequel il jeta quelques éclats de cyprès. À la lueur de la flamme qui reflétait sur la figure du docteur, on eut pu voir une certaine hésitation qu’il surmonta néanmoins bien vite, et, après s’être servi d’une prise de tabac, il reprit :

— En effet, je me rappelle que le petit Alphonse fut mis en nourrice, comme le mentionne votre lettre, chez une excellente femme, l’épouse d’un nommé Phaneuf, qui était absent depuis un an. Au bout de quelques mois, Phaneuf revint, demeura quelque temps avec sa femme à la paroisse St. Martin, d’où il partit avec elle pour Bâton-Rouge, emmenant l’enfant.

— Oui ! c’est bien ce que m’écrit ma femme.

— Après quelques mois de résidence à Bâton-Rouge, la femme de ce Phaneuf mourut ; le petit Alphonse fut confié aux soins d’une veuve, dont le nom m’échappe en ce moment ; qui en eut soin pendant un an ou plus.

— Et où était Phaneuf tout ce temps-là ?

— Il était parti sans que l’on sut où il était allé.

— C’est extraordinaire, néanmoins, que monsieur Meunier ne se soit pas alors plus occupé de son enfant !