Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
DEUX DE TROUVÉES

de Trim qu’il coupe en deux. Trim rugit, non pas de douleur mais de rage, mais de fureur ; ce n’est plus un homme, c’est une bête féroce ; il terrasse François sous ses pieds ; du talon de ses bottes il le frappe au visage, sur la tête, sur la poitrine, dans le corps. Le sang coule du nez, de la bouche, des yeux de François ! affreux spectacle !… La vue du sang redouble la fureur du nègre ; sa bouche écume ; ce ne sont plus des cris humains qu’il fait entendre, ce sont des hurlements !… Il saisit François par les jambes et, l’enlevant au-dessus de sa tête, fait tournoyer au bout de ses bras le corps maigre et mutilé du malheureux Coco, dont il se préparait à écraser impitoyablement le crâne sur le mur.

Tom, qui n’a plus de difficulté à contenir Léon, demeure un instant spectateur épouvanté de la scène qui menaçait de se terminer si tragiquement pour François, et lâche un cri à Trim pour tacher de l’arrêter. Trim est sourd à tout sentiment d’humanité. Tom lui crie d’une voix impérieuse :

— Arrête, Trim, ne le tue pas !

Trim n’entend rien ; le corps de François tournoie rapidement dans les puissantes mains du nègre, qui de l’œil cherche un endroit pour lui briser la tête… Tom veut se jeter sur Trim pour prévenir un meurtre, mais il craint de laisser échapper Léon qui tremble de tous ses membres. Déjà le nègre, la bouche écumante, les yeux à moitié sortis de la tête, a choisi et remarqué une pierre saillante sur le mur… c’en est fait de François… quand tout à coup un cri strident part de l’étage supérieur ! c’était Pierre qui ne pouvant se rendre à l’escalier et comprenant à l’exclamation de Tom, que son nègre, dans un de ses parox-