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UNE DE PERDUE

est sûr et certain ; il lâche un indicible cri de joie, tous ses membres tremblent d’émotion. Il a reconnu que la voix vient de dessous le plancher, et il a bientôt découvert la trappe qu’il ouvre. Son maître lui crie de prendre garde au serpent, mais l’œil de Trim avait déjà découvert le reptile ; il n’hésite pas un seul instant, saisit l’échelle, descend et marche droit au serpent qu’il coupe en deux d’un coup de sa hache. Puis il court à son maître, le saisit dans ses bras, couvre ses mains de baisers. Pierre de St. Luc ne trouve pas un mot à dire, ses paroles semblent s’arrêter sur sa langue. Les membres de ce pauvre Trim frissonnent de bonheur, il pleure et rit en même temps ! Dans un instant il eut coupé les liens et les courroies qui garrottaient son maître. Nous renonçons à exprimer les sentiments qui agitaient ces deux hommes en ce moment. Il est de ces sensations de l’âme pour lesquelles le langage de l’homme ne trouve pas d’expressions. Pierre de St Luc prend la grosse main calleuse de son fidèle serviteur entre les siennes, et la presse avec une profonde reconnaissance. Trim se croit mille fois trop payé pour ce qu’il a fait, et il tombe à genoux devant son maître, qui le relève avec affection.

Au premier pas que fit Pierre il sentit ses genoux sous lui, ses yeux se voilèrent et il lui sembla que tous les objets tourbillonnaient dans le cachot. Il fut contraint de se coucher un instant pour laisser passer cette faiblesse. Après avoir bu un coup d’eau et s’en être baigné le visage, il se sentit assez de force pour sortir du cachot, où il avait enduré tant de douleur morale et supporté tant d’outrages. Trim, qui supportait son maître, fut obligé de le porter pour