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DEUX DE TROUVÉES

— Oh ! non, pas si bête ; y été trop fin coquin, y découvri tout !

— Si nous cherchions la mère Coco-Letard ?

— C’est ça, moué y pensé ; mais sê pas où li demeure, n’i sé pas non plus où l’y est son l’habitation des champs.

— La vieille Marie ne t’a-t-elle pas dit où c’était ?

— Non, li sé pas elle-même, li ma dit que croyé la mère Coco-Létard été une vendeuse de les légumes.

— Eh bien, allons sur le marché aux légumes.

— C’est ça, moué y pensé.

Ils se rendirent donc au marché aux légumes. Le temps était devenu frais et serein ; l’orage de la nuit avait purifié l’atmosphère et, à l’exception de la boue dans les rues, on n’aurait pas dit que la ville avait été visitée, quelques heures auparavant, par une aussi violente tempête. Les premières lueurs d’un beau jour commençaient à colorer l’horizon, quand ils arrivèrent. Le marché était désert et les stalles vides. Trim et Tom s’assirent sur un banc en attendant l’arrivée des revendeurs et des revendeuses. Bientôt ils arrivèrent, les uns chargés d’énormes paniers, les autres conduisant des mulets par la bride ; ceux-ci apportant de grands pots de café tout chaud, ceux-là traînant de petites charettes à bras chargées de tous les fruits de la saison. Le marché avait l’air d’une foire, ou chacun étalait avec ordre et symétrie ses denrées sur sa stalle.

— Allons prendre une tasse de café, dit Tom, et manger un gâteau ; nous ferons parler la revendeuse.

— Allons.

Ils accostèrent une négresse qui n’avait pas de