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DEUX DE TROUVÉES

— Sé pas Irop ; moué pense que l’y sera pas mauvais que l’un descende le long de la levée, et examine tous les canots, pou voir si pas reconné cti-là qui a venu cri le capitaine à bord.

— Ce n’est pas une mauvaise idée. Je me rappelle bien du canot et je reconnaîtrai bien ceux qui le conduisaient ; je vais suivre la levée jusqu’au couvent des Ursulines. Et où te rencontrerai-je ?

— N’importe, je va cherché dans tous les p’tites l’auberges, et si n’apprend rien, moué revenir à bord c’tte nuit.

Trim et Tom se séparèrent, celui-ci suivant la levée et examinant tous les canots qui se trouvaient attachés le long des quais, et Trim se dirigeant du côté de la rue Royale.

Tout en marchant Trim pensait ; or tout en pensant voici les réflexions qu’il fit : « Mon maître a été attiré dans un piège ; ce piège a été préparé avant qu’il fût arrivé à la Nouvelle-Orléans, puisqu’on a envoyé un canot au-devant de lui à bord ; c’était quelqu’un qui savait l’arrivée du Zéphyr aussi. Mais pourquoi lui tendre un piège ? Qui lui a tendu ce piège ? Ce n’est pas par vengeance, je ne lui connais pas d’ennemis ; pas pour prendre son argent sur lui, on ne pouvait savoir s’il en avait ; ça doit donc être quelqu’un qui devait avoir un intérêt bien grand à sa disparition, mais quel intérêt ? » Il en était là de ses réflexions quand il arriva en face du No 141, la demeure de feu Alphonse Meunier. Trim tressaillit et, continuant tout haut le cours de ses réflexions, s’écria : « Ne serait-ce pas quelqu’un qui aurait un intérêt opposé à celui de mon maître dans la succession de M. Meunier ? » Cette idée