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UNE DE PERDUE

où il entra. Les deux matelots restèrent dans l’embarcation.

Ce jeune homme qui venait d’entrer chez le consul anglais, c’était Pierre de St. Luc, ou comme les matelots du Zéphyr l’appelaient, le capitaine Pierre.

Le rôle que le capitaine Pierre joue dans cette histoire est assez important pour qu’on nous permette d’en dire un mot.

Pierre n’avait jamais connu son père ni sa mère. Tout ce qu’il savait de sa naissance, c’est qu’il était né au Canada, dans quelqu’une des seigneuries du District de Montréal. Amené à la Nouvelle-Orléans, à l’âge de six ans, par Alphonse Meunier, Pierre ne connaissait de son pays natal que le nom ; et quoiqu’il eut plus d’une fois questionné le père Meunier sur sa famille et sa patrie, celui-ci avait toujours évité de lui répondre directement. Tout ce qu’il en avait pu savoir, « c’est qu’un jour il lui fournirait les moyens de découvrir ses parents, que, pour le moment, de puissantes raisons le forçait de tenir ignorés. »

Du reste le père Meunier aimait le jeune Pierre avec une tendresse toute paternelle. Doué des plus excellentes qualités du cœur et de l’esprit, Pierre, tout jeune encore, savait apprécier la tendresse du père Meunier qui, comme il le pensait, n’était que son père adoptif.

Les maîtres les plus renommés pour les armes, la danse, la gymnastique et tous les exercices qui peuvent former un jeune homme, furent donnés au jeune Pierre. Il sut si bien profiter de ces leçons, qu’à l’âge de dix-huit ans il était le meilleur valseur de la Nouvelle-Orléans et le plus intrépide cavalier qu’on