Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
DEUX DE TROUVÉES

— Tiens, regardez donc vous autres, cria un des curieux, voici un signal que fait le consul anglais au vaisseau noir en rade. Ce ne serait donc pas un pirate ; c’est peut-être une croisière anglaise ?

— Non, il vient de hisser son pavillon. C’est le pavillon américain, je le reconnais bien avec ses étoiles d’or sur un fond bleu à longues raies rouges.

— Il montre aussi un pavillon marchand, cria un troisième. Mais c’est tout d’même étonnant qu’un vaisseau marchand ait autant de sabords et si bien garnis !

— Je vois des matelots monter comme des singes dans les mâts, dit un quatrième personnage qui, une longue-vue braquée sur le brick, en examinait les mouvements. Ils déferlent les voiles. Voilà qu’on descend la chaloupe. Elle vient à terre ; nous allons savoir ce que tout cela veut dire.

— Quatre bras vigoureux dirigeaient en effet une chaloupe vers les quais du consulat anglais. Un jeune homme tenait le gouvernail. Son teint hâlé par le soleil des tropiques annonçait une nature endurcie aux rudes travaux de la mer. Ses mains, un peu blanches pour un marin, n’accusaient pas un homme accoutumé aux durs exercices de la manœuvre. Des pantalons de toile blanche, une cravate de soie noire négligemment nouée au col sur une chemise de toile fine de Hollande, un gilet bleu ciel, un chapeau rond de paille de Panama retenu à la boutonnière de son gilet par un ruban, tel était le costume de celui qui guidait la chaloupe.

En touchant terre le jeune homme sauta lestement sur le quai, dit quelques mots à voix basse aux deux matelots, et se dirigea vers le consulat anglais