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DEUX DE TROUVÉES

vous ! Non, non, nous en avions assez comme ça ; nous lui avons jeté un drap sur le corps, et voilà.

— Comment faites-vous donc pour le faire manger ?

— Le faire manger ? ça c’est plus simple, on ne le fait pas manger.

— Et boire ?

— Non plus.

— Mais il va mourir !

— Mourir ! soyez tranquille, laissez-le affaiblir d’abord, puis après nous verrons.

— Adieu, mère Coco ; je m’en vais maintenant, je vous reverrai bientôt. À propos, dans une couple d’heures d’ici, j’aurais besoin de Léon pour assister à l’enquête du Coronaire. Qu’il se tienne auprès de l’auberge aux contrevents verts, avec deux ou trois de ses amis. Allez l’avertir de suite.

— Faut-il que je retourne à l’habitation ? Je suis si fatiguée, après avoir passé une nuit blanche.

— Allez, allez, vous aurez le reste de la journée pour vous reposer…

— Et mon bras ? ne me donnerez-vous rien pour payer l’Apothicaire, car on n’avait pas compté ça hier soir ?

Pluchon lui donna un billet de dix dollars, traversa la levée, gagna les remparts d’où il se rendit en toute hâte chez le docteur Rivard, auquel il fit part de ce que lui avait appris la mère Coco-Létard.

— Je suis content de vous, mon cher M. Pluchon, lui dit le docteur, qui se frotta les mains en souriant d’un air de suprême satisfaction. Je serai absent toute la journée ; venez ce soir à huit heures sur la levée, au pied de la rue Bienville. J’irai en cabrio-