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UNE DE PERDUE

De père Asselin signa sans se douter de l’importance de ce qu’il venait de faire. Le docteur remit avec précaution les régistres à leur place, et, sans attendre le retour de Jérémie, partit avec le père Asselin, qu’il reconduisit chez lui.

Le lendemain un vaisseau partait pour le Hâvre-de-Grâce ; le père Asselin, qui avait complété sa somme, était passager à bord.

Quand le docteur Rivard retourna le lendemain à l’Hospice, il fit encore venir Jérôme à sa chambre, lui donna des sucreries, et après s’être assuré qu’il se rappelait parfaitement la leçon qu’il lui avait apprise la veille, il lui recommanda de ne dire à personne qu’il savait son vrai nom et celui de sa mère, excepté que quelqu’un ne lui demandât spécialement : « car, lui dit-il, si tu t’en ventais de toi-même, on te croirait fou. Ainsi si on ne te le demande pas, n’en dit rien ; si on te demande pourquoi tu ne le disais pas, tu répondras que tu craignais qu’on ne se moquât de toi. » Le docteur lui fit encore répéter deux ou trois fois sa leçon, après quoi il alla trouver le chef de l’institution, auquel il n’eut pas de peine à persuader que Jérôme manifestait des signes sensibles d’un prompt retour à la raison. Le chef de l’institution, qui ne s’occupait jamais des aliénés, laissant ce soin aux gardiens, crut le docteur, et ne s’en occupa pas davantage. C’est tout ce que ce dernier désirait.