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DEUX DE TROUVÉES

docteur, se dit le portier, a fait quelque bonne œuvre ce matin ; il n’est content que lorsqu’il a rempli quelque mission de charité ; c’est drôle cependant que pour un si saint homme, il ne fasse rien pour ces pauvres insensés. Peut-être est ce au fond le meilleur traitement : il faut bien le croire, puisqu’il n’en veut pas d’autre. Mais il me semble tout de même, qu’il n’y en a guère qui y gagnent à son traitement ; et bien peu sortent d’ici, une fois entrés, excepté que ce ne soit pour aller au cimetière ! » Le portier avait à peine terminé son monologue, que le docteur Rivard entra.

— Bonjour, monsieur le portier.

Le portier fut si étonné d’entendre le docteur Rivard lui souhaiter le bonjour, ce qui ne lui était pas arrivé depuis le jour de l’an dernier, qu’il resta tout ébahi, la bouche ouverte.

— Eh ! qu’avez-vous donc, mon brave monsieur Jérémie ? lui dit le docteur, en lui frappant familièrement sur l’épaule.

— Mais rien, monsieur le docteur.

— Allons, c’est bon. Et comment va ce pauvre enfant, le petit Jérôme ?

— Je n’en sais rien, docteur, je ne l’ai pas vu depuis une semaine ; voulez-vous que j’aille le chercher ?

— Non, ce n’est pas la peine. Je vais aller le voir. C’est un bon enfant celui-là ; depuis longtemps je m’intéresse à lui. À propos, mon cher monsieur Jérémie, j’ai oublié mon livre de prescriptions à la maison, faites-moi donc le plaisir de l’aller chercher, la vieille Marie vous le donnera. Tenez, voici pour boire un petit coup à ma santé. Allez, mon cher.