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UNE DE PERDUE

— Mais, ma bonne vieille, c’est bien loin.

— Oh ! non, monsieur, ça parait comme ça, mais c’est tout près — oh ! mon pauvre Jacob, il est peut-être mort maintenant ! oh ! oh ! oh ! et elle poussait des cris à fendre le cœur d’un homme moins sensible que Pierre.

Quand ils arrivèrent à la maison, la porte en était ouverte. La vieille redoubla ses lamentations et criait de toutes ses forces — « oh ! mon pauvre Jacob. »

Des plaintes sourdes se faisaient entendre au second étage, et au moment où Pierre entrait, un cri aigu retentit dans l’appartement supérieur. La mère Coco-Letard monta précipitamment l’escalier, suivie de Pierre. La chambre était à peine éclairée par une lampe placée derrière une espèce de valise, des couvertes interceptaient la lumière des croisées. Dans le fond de la salle, sur un lit, était étendu Jacob, le plus jeune des Coco-Letard ; en voyant monter sa mère et l’étranger, il redoubla ses gémissements et cria au secours ; la mère Coco se baissa pour prendre la lampe dans ses mains, tandis que Pierre alla droit au lit de Jacob. En mettant le pied sur la trappe, le ressort céda, et Pierre fut précipité, d’une hauteur de douze pieds, dans le fond du cachot, où l’attendait les deux frères de Jacob, qui sautèrent sur lui. Étourdi par la chute et pris à l’improviste, Pierre fut bientôt complètement lié et jeté sur le lit, où il fut encore garrotté et attaché par de fortes courroies. Le tout se passa avec tant de rapidité qu’il ne put offrir aucune résistance, et ce ne fut qu’après avoir été étendu sur le lit qu’il put concevoir ce qui lui était arrivé, sans pouvoir comprendre les raisons qui avaient porté ces gens à en agir ainsi. Il crut qu’il