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DEUX DE TROUVÉES

qu’horrible catastrophe. L’inconnu n’est plus qu’à quelques pas de la volante, qui n’est pas encore brisée et maintient son équilibre ; il gagne du terrain à chaque bond de son rapide coursier ; il avance, il approche. Il est temps… Un précipice est à dix pas, et les mules s’y jettent tête baissée… Déjà il a saisi la bride de la mule qui se trouve la plus près de lui, et la jette sur ses hanches ; mais l’autre mule bondit dans ses harnais et entraîne et la volante et la mule qui est renversée. Le précipice n’est plus qu’à deux pas… il ne peut maîtriser la mule, ni saisir la bride… il court risque d’être lui-même blessé par les roues… Que faire ?… Prompt comme la pensée il tire un pistolet de sa poche et à bout touchant fait feu sur la mule qui s’abat sous le coup, il se jette à bas de son cheval, se précipite dans la volante et enlève dans ses bras la jeune fille évanouie. Une immense acclamation retentit dans les airs, et un cri d’enthousiasme universel salue une si courageuse action.

Cependant peu à peu la jeune fille reprend ses esprits. Une volante est bientôt amenée, et le jeune homme veut lui-même la déposer sur ses moelleux coussins. Elle entrouvre les yeux et reconnaît que c’est lui, encore lui ! Elle veut parler et ses lèvres ne s’agitent que pour prononcer des sons inarticulés. Ses amies qui étaient accourues s’empressent autour d’elle, et l’accompagnent à la demeure de son père, où elle ne tarda pas à revenir complètement à elle.

La conduite du jeune et courageux cavalier fut élevée jusqu’aux nues. On ne parla que de lui le reste de la journée. Personne ne le connaissait quoiqu’il s’appelait Antonio.

— Ma fille, lui dit son père, ce jeune homme t’a