Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
UNE DE PERDUE

— Allons, je vois que je ne puis rien vous refuser, nous verrons, nous verrons ; mais surtout de la discrétion.

— Carlotta, prends garde ; le voilà qui vient, il nous regarde, oh ! mon Dieu, s’il allait s’apercevoir.

Et elle détourna la tête, un vif incarnat colorant ses joues d’une teinte purpurine ; mais pas assez vite cependant pour empêcher l’élégant cavalier, qui arrivait au léger galop de son cheval, de remarquer les vives carnations qui avaient trahi l’émotion de la jeune fille.

— C’est une bien belle personne ! se dit-il à lui-même, quand il fut passé, et j’ai cru remarquer mais non, c’est peut-être une erreur. Il se retourna cependant sur sa selle pour examiner la volante ; puis il arrêta son cheval ; puis il tourna la bride dans la direction que suivait la voiture et se mit à penser ; puis, tout en pensant, il lança son cheval au galop sur les traces de la volante, qu’entraînaient deux mules blanches richement caparaçonnées. Au bout de la promenade, la volante retourna ; et les yeux du jeune homme et de la jeune fille se rencontrèrent.

— Elle est bien belle, pensa le jeune homme.

— Il est bien beau, pensa la jeune fille.

D’étranges impressions se réveillèrent soudainement dans son cœur ; elle le sentit battre d’un mouvement jusqu’alors inconnu. Elle baissa la vue, et demeura longtemps silencieuse, la tête penchée.

Peu à peu les volantes quittèrent la promenade, et à mesure que les ombres de la nuit se répandaient sur la ville, les rues devenaient de plus en plus désertes. La volante aux mules blanches était partie