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DEUX DE TROUVÉES

risse, lâcha un cri déchirant et tomba sans connaissance dans les bras de Sir Gosford, en murmurant le nom « d’Antonio. »

En ce moment la lune se levait, et la brise commençait à se faire sentir.


CHAPITRE VIII.

la revue des troupes.


Depuis deux à trois mois, un jeune homme avait fait l’acquisition d’une des plus belles plantations des environs de la ville de Matance. C’était un étranger. Personne ne le connaissait, mais il était si beau, si bien fait, si noble dans ses manières, si riche, qu’il devint bientôt l’objet de l’admiration de toutes les jeunes filles de la cité. Tous les jours il venait à la ville monté sur un magnifique cheval barbe, qu’il maniait avec grâce ; il descendait d’ordinaire au Café de la Régence où, après avoir jeté la bride de son cheval au garçon de l’écurie, il entrait prendre une tasse de chocolat et fumer une cigaritto. Il lisait les journaux, écoutait les nouvelles, et allait ensuite faire un tour sur les quais, d’où il revenait au café reprendre son cheval, après s’être promené quelque temps dans les rues de Matance, regardant les nouveautés et lorgnant les jolies signorittas.

En général, les jeunes et jolies filles n’aiment pas qu’on les lorgne, mais quand c’est un grand et beau jeune homme, à la taille si souple, aux yeux noirs si vifs, au teint brun si mâle, à la moustache si fine,