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vers un prisme, dont les couleurs se reflétaient sur les objets qui fascinaient mes sens. Et de même que mon imagination ardente se forgeait mille chimères pour l’avenir, de même aussi j’emportais dans le tourbillon de mes pensées, ce qui aurait dû en modérer les saillies impétueuses. Maintenant que les rides sillonnent mon visage, et que je sens les glaces de la mort courir dans mes veines ; ce n’est plus avec un œil de vingt ans, que je vois le tableau des actions humaines se dérouler grand et sublime devant moi. Ce qui, aux jours de mes plaisirs, passait rapide et brillant à mes yeux, est maintenant pour moi, un sujet de sérieuses réflexions. Les choses aujourd’hui m’apparaissent sous leur vrai point de vue ; et les charmes illusoires que leur prêtait le jeune âge, ont disparu devant la calme et pénétrante expérience de la vieillesse.

Ce m’est un plaisir bien grand de relire quelquefois les mémoires de ma jeunesse ; et de reporter ainsi sur ces temps passés dans l’ivresse du bonheur, un œil qui déjà a pénétré dans l’horreur de la tombe ! Et lorsque l’autre jour, je consentis à publier