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très-belle chambre qui a vue sur la place, au prix de neuf francs par jour, dîner et déjeûner compris, et c’est le premier hôtel de la ville. Je suis étonné de ce bon marché, et je le fus plus encore quand je vis de la manière dont la table était servie.

Je me rends chez l’un des médecins des eaux, le docteur Davat. Il m’interroge beaucoup sur mes douleurs articulaires dont la cause est rhumatismale. Il trouve d’ailleurs mon régime hygiénique très-bon, et n’y voit rien à changer. Il me prescrit de prendre, jour à autre, bain et douche : bain d’une heure à vingt-sept degrés, douche du prince. Plus, je dois boire tous les matins un verre d’eau d’alun en deux fois.

Je vais prendre immédiatement le bain qui me paraît fort chaud ; je finis par m’y habituer, et j’en sors sentant le soufre comme une allumette.

Je visite ensuite le Casino, beau bâtiment placé dans une position très-pittoresque que domine une montagne. Le jardin n’est pas grand, mais il est joli. Au total, l’établissement, sans être grandiose, est fort convenable.

Il paraît qu’on devient titré dès qu’on met les pieds dans Aix : je ne peux faire un pas sans être salué du titre de comte ou de baron. J’ai beau dire que, de titres, je ne prends ni n’accepte aucun, ils n’en veulent pas démordre. Alors c’est marquis qu’ils me nomment, et si je me rebelle encore, c’est duc qu’ils vont me faire. Dieu m’en garde ! et pour cause : on a fait un tel abus de ces qualifications en France, et plus encore à l’étranger, qu’elles n’y sont guère une recommandation ; je dirai même qu’elles y font l’effet contraire quand elles ne sont pas accompagnées, à défaut de diplôme, de bonnes lettres de crédit ou de billets au porteur.