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Nous passons la station de Rossillon, puis celle de Saint-Virieux. Je regrette de ne pouvoir m’arrêter pour étudier ces calcaires crevassés. Nous avons à droite un petit lac à l’eau d’azur où je me baignerais volontiers, mais ce ne sont pas ces eaux-là que je vais prendre.

Nous arrivons à la station de Culoz où est un embranchement conduisant à Genève. Nous traversons un pont sur le Rhône qui sépare ici la France de la Savoie. Un peu plus loin, on s’arrête au corps-de-garde de la douane sarde où l’on refuse galamment de nous visiter. Ce pays désire et espère être bientôt français, et nous accueille d’avance en compatriotes.

À la station de Chatelle, on change de train. Ici, j’ai pour compagnons deux Sardes, un Belge et un gros Anglais parlant bien français et qui nous raconte tous les vols, entr’autres un de cent quatre-vingts guinées, dont il a été victime à Paris. Nos Sardes, qui en reviennent, mettent instinctivement leur main à leur gousset pour s’assurer si leur porte-monnaie y est encore. Ce gros Anglais m’a l’air d’un Gascon.

On côtoie ici le lac du Bourget. Les bords n’en sont guère habités : nous n’y apercevons qu’une chapelle. L’aspect de ce lac entouré de montagnes couvertes de verdure qui, du point où nous sommes, paraît noire, est assez triste. Des roches arides descendent jusqu’à l’eau.

Nous sommes à une heure d’Aix ; nous y arrivons vers midi, après une traversée de vingt-quatre heures : c’est huit heures de plus qu’on ne met ordinairement, mais, faute d’informations, j’avais pris un train non direct.

Je descends à l’hôtel Guillant, place Centrale. La maîtresse est jeune et avenante. On me donne une