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de quatre cent trente-six. On vante la taille et la qualité de ses poissons : on y pêche, dit-on, des silures pesant jusqu’à cinquante kilos. Ses bords ne sont pas aussi habités que ceux des lacs de la Suisse, et son aspect général est moins riant. Il était jadis beaucoup plus boisé qu’aujourd’hui, car on découvre souvent dans le lac, ou enfouis sur ses bords, des troncs de chênes énormes.

Je ne sais si c’est le plaisir d’être hors de cette insupportable rivière de Thiele, mais l’entrée du lac, nonobstant le mal qu’on en dit, me parut belle.

M’étant levé de bonne heure, la faim commençait à se faire sentir ; mais il n’y avait rien de préparé à bord, et je déjeûne avec du fromage et du vin blanc qui me paraissent excellents.

À huit heures et demie, nous sommes à Neufchâtel ou plutôt Neuenburg, capitale du canton de ce nom. C’est une ville de sept à huit mille âmes, qui a eu ses révolutions, son 1814, son 1848 et, en 1856, ses trois journées, et qui enfin a recouvré son indépendance.

Ce que je remarque d’abord en entrant est un vaste faubourg assis sur une pente : quelques beaux hôtels et des montagnes vertes dominant le tout. Le bateau s’y arrêtant une heure et demie, nous avons le temps de voir la ville.

Sa plus grande curiosité est sans contredit la bibliothèque où sont presque tous les manuscrits de J.-J. Rousseau. Pressés comme nous le sommes, il faut nous borner à y jeter les yeux. Les autographes m’intéressent toujours ; il semble que j’y vois une partie de l’homme : ce sont des reliques vivantes. J’aimerais mieux une