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que de l’hôtel et du bateau. Une éclaircie nous apporte les rayons du soleil couchant, et vient égayer la scène un peu sévère.

D’un autre balcon, la vue est plus étendue, et gagne ainsi beaucoup.

Pour arriver au troisième balcon, on traverse un magasin où Mme Brulrr elle-même vous fait offre de ses dessins et de ses livres. Son air est plus riant que celui de son associé.

Nous pénétrons alors dans un pavillon où des verres de couleurs nous montrent la cascade sous divers aspects : nuit, jour, aurore, hiver, etc. Le soleil, qui se révèle encore, aide beaucoup à ces effets bien connus, mais qui plaisent toujours.

Nous descendons ensuite, en traversant le jardin, à un quatrième balcon au moyen duquel la cascade est vue en dessous ; enfin à un cinquième, plus bas encore, où l’on est en quelque sorte sous la cascade même. Le bruit est intolérable, et l’on reçoit pas mal d’eau. Là, on est tout près des trois roches à pic qui partagent le fleuve, et dont l’une semble prête à tomber, ce qui ne peut manquer d’arriver tôt ou tard. La veille, le domestique qui m’accompagne a passé, en se servant d’une échelle, d’une roche à l’autre, aidé par ce même batelier qui venait de me conduire. C’était la première fois qu’on tentait ce passage, opération fort inutile et imprudente. Le grand danger était de placer l’échelle par le poids de laquelle on pouvait être entraîné.

L’éclaircie n’ayant pas duré, nous repassons le Rhin par une pluie battante. Je rentre à l’hôtel passablement