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tireur et chasseur intrépide, il ne voyage que pour la chasse. Ne sachant pas l’allemand, il est accompagné d’une femme âgée qui lui sert d’interprète et de domestique. La conversation intéressante du comte me fait oublier le mauvais temps. Nous causons du lac, de ses oiseaux qu’en sa qualité de chasseur il connaît parfaitement, et de ses poissons que la cuisine du pays m’a appris à distinguer. On y pêche le saumon, plusieurs espèces de truites, le lavaret bleu, le lavaret ordinaire, etc., tous fort bons.

Vers huit heures trois quarts, un joli bourg se montre à gauche. À droite, la côte a disparu dans la brume. À neuf heures, on aperçoit deux villages. Nous nous éloignons de la rive. Il pleut toujours à verse. Le salon est plein, car personne ne peut tenir sur le pont. Toutes les femmes sont bien mises et semblent bien élevées ; néanmoins, sauf le comte et moi, nul ne parle français à bord. Je le croyais, mais au moment où je m’y attendais le moins, une fort jolie personne, qu’il était facile de reconnaître à son accent pour Allemande ou Suisse, m’adresse la parole en français. Alors elle me fit place à côté d’elle et en face d’une fenêtre par laquelle je voyais parfaitement le lac dont elle se plut à m’indiquer les points les plus remarquables.

À la station de Romanshorn est un port où aboutit le chemin de fer. C’est la compagnie qui a établi ce port devant son embarcadère. L’opération a dû être bonne, car il s’y fait un grand commerce, et les marchandises y abondent. Le port est entouré de vastes hangars servant à la fois aux embarcations et aux wagons. Un de