tère. S’il est avare ou inactif, s’il ne dépense et ne récolte rien, c’est comme s’il n’était ni lui ni sa propriété, et nous n’en parlerons pas. Mais admettant qu’il récolte tout ce qu’il peut et qu’il dépense tout ce qu’il a, c’est la manière dont il le récoltera, dont il le dépensera, qui peuplera sa commune de pauvres ou de travailleurs.
Si c’est un prodigue qui sème au hasard, qui donne au paresseux et ne paie pas l’ouvrier ou le paie mal, vous voyez en peu d’années la population partagée en individus de deux classes : les premiers ou les moins nombreux sont ceux qui, profitant du laisser-aller du maître, ont, sous quelques rapports, amélioré leur position. Les seconds ou la grande majorité sont ceux qui, devenus plus pauvres qu’ils n’étaient, sont aussi plus démoralisés. Or, ce sont ceux-là mêmes qui ont reçu le plus. Mais ce qui tombe de la main prodigue s’arrête rarement à la première qui le ramasse : pourquoi ? C’est que l’on répand sans prudence ce que l’on a gagné sans peine ; c’est qu’après avoir acquis sans fatigue, on croit qu’ainsi l’on acquerra toujours ; c’est que le travail ne paraît plus qu’une duperie, quand il y a moins de profit à travailler qu’à ne rien faire ; c’est qu’en ne travaillant pas, on cesse de compter sur soi-même, et dès qu’on n’y compte plus, il ne reste ni prévoyance ni industrie ; c’est qu’enfin on a fait comme le maître, qu’on s’est abandonné au caprice et qu’on a donné sans mesure. Ici d’où vient le mal ? Est-ce de la grande richesse ? Non, c’est de sa mauvaise répartition, c’est de l’usage irréfléchi qu’on en fait ; c’est de son emploi désordonné.
Si au contraire, ce capitaliste est un homme d’ordre, si même sans être charitable ni sans songer au bien-être des autres, il tient à améliorer le sien et à s’enrichir encore, si outre te présent, il pense à l’avenir, enfin si en sachant dépenser il sait compter, il obligera bientôt les autres à compter avec lui et par conséquent