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sonorités finales des vers réguliers. Et à son propos, M. Catulle Mendès a fait encore cette remarque judicieuse et définitive : « Elle peut, écho trop vague, tenir lieu de la rime dans les idiomes où l’accent, bien marqué, suffit à préciser la cadence ; il n’en saurait aller de même dans notre langue où la « longueur » et la « brièveté » des syllabes ne sont que rarement incontestables ».

D. — L’hiatus.

Pour quelle raison le proscrire de notre poésie ? Je ne vois pas en quoi il est opposé au génie de la langue poétique. Toute la Pléiade en acceptait l’usage, et cela beaucoup plus souvent qu’on ne le pense communément. Par malheur on lit si peu les Maîtres du xvie siècle qu’on ignore tout de leurs habitudes, spécialement en matière d’hiatus qu’ils ne proscrivirent jamais. Ronsard n’en dit pas un mot dans son Art Poétique.

Je me demande ce qu’on trouve de choquant à des vers comme ceux-ci :

Pourquoi, farouche, fuis-tu outre
Quand je veux approcher de toi ?

(Ronsard).