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nous ne pouvons pas l’assimiler au sommet d’un ellipsoïde à trois axes inégaux, même en plaçant ce sommet hors du pied de la normale abaissée du centre de pupille sur la cornée. Nous sommes toujours tentés de substituer au système centré qui existe rarement, un système de surfaces ayant toutes deux plans de symétrie rectangulaires passant par la même droite : c’est absolument gratuit ; la constitution de l’œil est généralement plus compliquée.

2o. — Astigmatisme du cristallin, astigmatisme d’accommodation.

Dans ces derniers temps, les oculistes ont attribué une importance grandissante à l’astigmatisme du cristallin. Voici leurs raisons.

On sait depuis longtemps que les verres de besicles qui, au dire des patients, corrigent au mieux l’astigmatisme de leurs yeux, ne sont pas ceux qu’indiquent les mesures des courbures principales de la cornée. C’est au point que Donders soutenait que l’asymétrie de la cornée entraîne une asymétrie en sens inverse du cristallin.

Un astigmatisme régulier, appréciable et corrigeable par des verres, se montre parfois sous l’influence de l’atropine, qui paralyse l’accommodation. Conséquence : dans l’état habituel du patient l’astigmatisme cornéen est neutralisé par l’astigmatisme d’accommodation du cristallin.

Un œil normal est rendu astigmate par un verre cylindrique : l’expérience montre que l’accommodation agit pour corriger l’astigmatisme. Quand l’expérience a duré quelque temps, une tendance accommodative persiste dans le même sens : d’où un astigmatisme acquis qui disparaît peu à peu.

La crampe ou la contraction tétanique du muscle ciliaire peut accroître l’astigmatisme.

L’accommodation astigmate est incapable de ramener l’œil à la symétrie de révolution quand l’astigmatisme cornéen est très fort.

Il semble donc acquis qu’en dehors de l’astigmatisme qui résulte d’une symétrie particulière du cristallin, l’accommodation peut s’exercer, non plus également sur tout le pourtour du cristallin, mais d’une manière qui lui impose, à la place d’un axe de révolution, deux plans de symétrie rectangulaires. D’où trois causes à l’astigmatisme : la symétrie de la cornée, celle du cristallin, enfin celle de l’accommodation.

L’astigmatisme d’accommodation a une importance théorique capitale ; elle élimine les théories de l’accommodation qui ne permettent pas d’expliquer une action d’intensités différentes dans les divers méridiens du cristallin.

190. Vision du fond de l’œil ; ophtalmoscopes.

1o. — Pour qu’un observateur Α voie distinctement la rétine R de l’œil B, il faut que les deux rétines soient accommodées l’une sur l’autre à travers les systèmes optiques formés par les yeux. Il faut, par exemple, qu’elles soient accommodées toutes deux sur l’infini.

Imaginons que l’œil B regarde dans un plan R′ (fig. 221, 1) situé à