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20°) par un verre sphérique (un miroir d’éclaireur de microscope dont on a enlevé le tain). Deux graduations rectangulaires sont gravées dessus à la machine à diviser. L’appareil est utilisable jusqu’à 40° d’angle apparent. Il peut servir pour les observations météorologiques.

Collimateur et lunette.

Les collimateurs et lunettes sont traités tout au long dans mon Cours sur la Construction… des Instruments de mesure et d’observation. Je n’en dirai donc ici que le nécessaire pour fixer les idées.

84. Collimation[1] et collimateurs.

1o. — La collimation consiste à imposer à la ligne de visée une direction déterminée.

Les collimateurs fixent cette direction.

Une erreur de collimation est une erreur dans la direction de visée.

Comme il s’agit là de notions fondamentales, éclairons-les par la notion correspondante de mire.

On appelle mire un signal fixe (jalon, perche,…) vers lequel on dirige un instrument pour prendre une direction.

Le type de la mire est celle qui permet aux astronomes de retrouver instantanément le méridien. C’est généralement une croix tracée sur un pilier massif ou un rocher lointain.

La distance du signal doit être au minimum de 4 à 5 kilomètres.

Il s’agit de placer l’axe optique de la lunette méridienne (voir plus loin) dans le plan du méridien (qui est un plan vertical). Avec un niveau on fait en sorte que l’axe de rotation de la lunette (qui repose sur des piliers) soit horizontal ; l’axe optique, rendu perpendiculaire à l’axe de rotation, décrit alors un plan vertical. Il ne reste plus qu’à faire tourner le système d’un angle convenable autour d’un axe vertical, pour que le vertical décrit par l’axe optique de la lunette soit le méridien. C’est à quoi sert la mire lointaine.

Malheureusement le signal lointain n’est visible que si le temps n’est pas bouché. La nuit, il ne l’est qu’autant qu’on l’éclaire ; à la vérité, de l’Observatoire même ce n’est pas impossible par l’électricité ; mais c’est une ligne de 10 kilomètres à surveiller, ligne dont la résistance est notable : d’où certaines difficultés pratiques. Sans parler de l’impossibilité d’entretien d’un signal non surveillé, exposé

  1. Le mot collimation soulève un intéressant problème étymologique. Les anciens astronomes, qui écrivaient en latin (Képler par exemple), emploient dans le sens de viser, les uns le verbe collimare, les autres le verbe collineare. Littré nous apprend que collimare est une fausse lecture des manuscrits latins ; conséquemment le mot collimation devrait céder le pas au mot collinéation, dont le sens est parfaitement clair. Les mots collinéation (cum, linea) et alignement (ad, linea) ont des sens identiques.

    Le Dictionnaire Quicherat donne seul le verbe collineare dans le sens de viser, diriger en visant : Collineare sagittam aliquo (Cic.), Viser le but avec une flèche.