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CHAPITRE VI.

Est-il nécessaire d’ajouter qu’on a composé d’excellente musique avant qu’on ait posé la question scientifique ; beaucoup de musiciens auront fort heureusement du génie, sans connaître un mot d’Acoustique ; le physicien n’espère pas que ses théories fourniront la moindre idée à aucun d’entre eux. Et réciproquement, que ses théories aient ou n’aient pas l’approbation des musiciens, lui est parfaitement indifférent.

Ne mélangeons pas les genres.


CHAPITRE VI.
MODULATION ET TRANSPOSITION. DES TEMPÉRAMENTS.
ACCORD DES INSTRUMENTS.


47. Transposition et modulation. — La hauteur absolue de l’échelle musicale est arbitraire. L’expérience montre que l’audition successive du même morceau à des hauteurs différentes, ce qu’on appelle une transposition, produit une sensation agréable par la variété qui en résulte. Ce qui est vrai d’une composition entière l’est encore bien davantage d’une phrase musicale : cette transposition momentanée s’appelle une modulation. Les mots transposition et modulation ont donc pour le physicien exactement le même sens ; il s’agit de multiplier par le même nombre les hauteurs de toutes les notes, soit d’un morceau, soit de quelques mesures de ce morceau.

Sur un instrument à sons mobiles, comme la voix, le problème ne présente aucune difficulté. Théoriquement il en est ainsi pour le violon et les instruments similaires ; pratiquement, une fois l’instrument accordé, nous devons pour la majorité des exécutants le considérer comme un instrument à sons fixes, les positions des doigts devant être pratiquement déterminées à l’avance et en petit nombre, pour éviter un jeu trop compliqué.

L’emploi du tempérament égal rend possible une très grande variété de modulations. L’octave étant partagée en demi-tons tous égaux, il est clair que nous pouvons trans-