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CHAPITRE IV.

il ferait rationnel de le considérer d’une manière inverse de l’accord majeur. Il serait obtenu au-dessous de la fondamentale et non plus au-dessus ; la fondamentale serait alors le sol.

Il y a une très réelle difficulté sur laquelle nous ne pouvons insister. Helmholtz remarque que cet accord correspond si peu à une idée précise de tonalité que les auteurs du xviiie siècle, qui ont commencé à l’employer comme terminaison, dissimulent toujours la tierce.


38. Mode du plain-chant. — Quoi qu’il en soit de l’imperfection tonale des modes du plain-chant, il est nécessaire d’en dire quelques mots parce qu’on en parle beaucoup et qu’ils éclairent par contraste l’idée classique de tonalité. Ils utilisent tous la série diatonique fixée ci-dessus. Ils se classent en authentiques et en plagaux par la position de la note finale jouant le rôle d’une tonique rudimentaire, position par rapport :

1o À la série diatonique des sons ;

2o À la série des sons utilisés dans le morceau.

Ainsi l’on chante dans le mode authentique de (qui correspond au dorien grec) en utilisant les sons :

mi — fa sol la si — ut


avec la condition que la finale occupe le plus bas degré du chant. Cette condition donne une importance particulière au , en fait une sorte de tonique ; l’effet d’une mélodie utilisant notre série diatonique majeure, mais évoluant, non plus par rapport à l’ut, mais au-dessus de ramené fréquemment comme finale non seulement du morceau, mais des diverses phrases, devient entièrement différent d’une mélodie en ut.

On chante dans le mode plagal correspondant, quand le chant descend à trois degrés plus bas que la finale, c’est-à-dire jusqu’à la dominante. La finale est encore le ré (mode hypodorien des Grecs), mais la série utilisée est :

la si — ut mi — fa sol la.

Celui qui donnait le ton au chœur devait savoir discerner