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AFFINITÉ DES SONS.

nique dont elle est la préparation. Mais cette note se trouve par là même élevée à une importance toute particulière. La musique classique, qui cherche à accentuer le rôle de la tonique. avait besoin dans les mouvements ascendants vers la tonique d’un intervalle petit. Aussi, bien que le si, dont l’intervalle à la tonique est défini par le rapport 7:4, possède une affinité relativement grande avec elle, il a dû céder sa place au si naturel plus voisin de la tonique et lui servant de préparation. Nous retrouverons cette tendance du si à se rapprocher de sa résolution en étudiant la gamme de Pythagore.


34. Mode diatonique mineur. — Le mode diatonique mineur, quelle que soit la manière dont on écrit son échelle, présente de nouveaux sons. La gamme ascendante s’écrit presque toujours aujourd’hui :

ut mi fa solla siut ;


dans une mélodie en ut mineur procédant par voie montante le mi et le la sont bémolisés. L’intervalle ut mi♭ (6:5) est une tierce mineure ; l’intervalle ut la♭ (8:5) est une sixte mineure.

Mais la gamme descendante peut très bien s’écrire :

ut mi fa solla si ut ;


dans une marche descendante en ut mineur l’oreille n’est pas choquée par un si♭. Certains compositeurs, répugnant à ce vide d’un ton et demi (la si) qui est pourtant la raison du charme un peu maladif du mode mineur, n’hésitent pas à employer comme gamme mineure ascendante la série :

ut mi fa sol la si♭ — ut ;


c’était même l’échelle la plus usitée du temps de Rameau.

Le mode dit mineur est donc plus varié que le mode majeur ; il est donc probable que la parenté des sons avec la tonique y est moindre.

Effectivement le mi♭ (tierce mineure) n’entre pas dans la série des harmoniques de l’ut, pas plus que le la♭ (sixte mi-