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RÉSONANCE. THÉORIE DE L’OREILLE.

sent brusquement par percussion et diminuent rapidement ; ceux des instruments de cuivre se posent difficilement et sont tenus sans effort ; ceux des instruments à cordes présentent des raclements caractéristiques… et ainsi de suite. Toutes ces particularités nous aident à les distinguer ; elles ne sont d’aucun secours pour la séparation des harmoniques.

Aussi pour apprendre à distinguer, les sons partiels doit-on recourir à des moyens auxiliaires. Le plus simple consiste à renforcer l’un d’eux par un résonateur approprié, à porter son attention dessus, puis à éloigner le résonateur de l’oreille. On continue à le percevoir distinctement.

Il n’y a aucune relation entre la justesse d’une oreille et son aptitude à entendre isolément les harmoniques : c’est une affaire d’habitude et d’exercice. Les harmoniques existent donc bien dans la sensation, bien que n’arrivant pas toujours à une perception consciente ; on peut acquérir cette perception sans autre secours qu’une direction régulière imprimée à l’attention.


21. Remarques sur la loi d’Ohm. — Tant qu’on n’eut pas découvert le rôle absolument fondamental des sons simples ou pendulaires, la théorie des cordes ou des tuyaux fut une pure énigme. Aussi donna-t-elle lieu au xviiie siècle à des discussions inextricables entre Bernoulli, Lagrange, Euler, d’Alembert, qui avouaient tous, en définitive, n’y rien comprendre.

« Ayant examiné avec toute l’attention dont je suis capable, écrit Lagrange (T. I, pp. 146-147 de ses Œuvres complètes), les oscillations des cordes tendues, je les ai toujours trouvées simples et uniques dans toute leur étendue, d’où il me paraît impossible de concevoir comment divers sons peuvent être engendrés à la fois. » Et cependant le fait était incontesté, qu’une corde frappée n’importe comment donne, sauf très rares exceptions, des harmoniques.

Mais Lagrange appelle simple et unique une oscillation que nous appelons complexe, parce que la corde n’a pas la forme sinusoïdale.

Bernoulli approchait de très prés la solution. Il prétendait que la vibration d’une corde est un mélange de plusieurs vibrations partielles sinusoïdales. Mais, au lieu de considérer