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ÉCHELLE DES SONS. GAMME À TEMPÉRAMENT ÉGAL.

connu et admis par Rousseau lui-même : une lecture rapide d’accords est impossible, car le mouvement des sons ne correspond plus à la pente des lignes formées sur le papier par les suites de notes.

Les autres cherchent à représenter les intervalles et non plus le nom des notes. Ils pourraient avoir raison dans un autre système musical que le nôtre ; mais, avec nos gammes diatoniques incomplètes, ils rendent l’écriture indéchiffrable.

Il ne faut pas oublier qu’il n’est guère possible de lire plus d’une portée à la fois.

Si l’on étudie la manière dont un pianiste suit ses deux portées, plus les deux portées du violon et du violoncelle, par exemple, quand il exécute un trio, on s’aperçoit qu’il lit d’abord un ou plusieurs temps, une ou plusieurs mesures d’une des portées, puis un ou plusieurs temps, une ou plusieurs mesures d’une autre portée,… et ainsi de suite ; mais qu’il ne lit pas simultanément les quatre portées ; la mémoire fait le reste. Les inventeurs qui multiplient les portées, écrivent par exemple la musique de piano sur trois ou quatre portées de trois lignes, ne se rendent pas compte qu’ils augmentent considérablement le travail des yeux.

D’autre part le nombre de cinq lignes par portée est un maximum : il est impossible sans un effort considérable de lire sur six lignes : on confond toujours les lignes moyennes.


14. Limites des sons perceptibles. — Il semble aisé de déterminer à partir de quel nombre de vibrations l’oreille a la sensation d’un son musical ; c’est pourtant un problème complexe.

Tout d’abord il faut utiliser des sons rigoureusement simples. Savart employait une barre tournant autour d’un axe normal à sa longueur et fixé en son milieu. À chaque demi-révolution, une moitié de la barre traverse une fente ménagée dans une planche dont le plan passe par l’axe de rotation. Il résulte de ces passages des secousses isolées de la masse d’air, très courtes par rapport à la période du phénomène qui est la durée du demi-tour. Les harmoniques sont par conséquent très intenses, et les sons, qu’on entend d’après Savart dès qu’il y a 8 secousses par seconde, correspondent