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le château ; mais ces recherches furent vaines : l’aventurier n’avait laissé aucune trace de son passage.

— Seul, le détective Morin, conclut le commissaire, pourrait éclaircir ce mystère. J’espère qu’il ne tardera pas à nous aider de ses lumières…


L’assassin invisible.


À partir de ce moment-là, les alertes se succédèrent.

La nuit même, alors que Marguerite de Carteret se trouvait dans sa chambre à coucher, éclairée à l’électricité et se préparait à se mettre au lit un coup de feu retentit.

La jeune femme poussa un cri de douleur : une balle venait de l’atteindre à l’avant-bras. Quelqu’un avait tiré du parc dans la chambre, à travers la fenêtre illuminée. Une vitre était brisée.

Aussitôt l’alarme fut donnée. Ce fut un branle-bas général. Le chevalier d’Arsac dirigea les recherches dans le parc, pendant que le valet courait en toute hâte quérir un médecin. Celui-ci arriva peu de temps après ; il constata que la blessure de la jeune femme n’était pas grave, mais une grande perte de sang l’avait fort affaiblie.

Le commissaire de police aida le chevalier d’Arsac dans ses recherches ; mais celles-ci furent vaines. Le meurtrier n’avait laissé aucune trace de son passage.

La nuit même, Marguerite de Carteret fut transportée dans une autre chambre dont les fenêtres étaient hermétiquement closes par des volets de fer. Son père s’assit à son chevet.

La journée du lendemain fut calme.

Les hôtes du château se perdirent en conjectures sur le mobile qui faisait agir le meurtrier. Celui-ci cherchait à se venger ou tout simplement à terroriser la comtesse de Savignac pour lui extorquer une somme importante.

Mystère.

Qui était cet inconnu qui avait pris les traits et les titres du chevalier d’Arsac pour épouser la jeune femme ?

À cette question, le véritable d’Arsac répondait :

— J’espère éclaircir bientôt ce mystère. Ce n’est pas la première fois qu’un aventurier se substitue à moi, mais, cette fois, j’espère bien qu’il ne m’échappera pas.

Il fut décidé que Marguerite de Carteret ne serait jamais seule : on craignait que l’ennemi ne s’introduisît à l’improviste dans la chambre occupée par elle.

La nuit suivante se passa sans incident : la baronne de Carteret et le chevalier d’Arsac restèrent au chevet de la blessée.

Le lendemain matin, on annonça au château l’arrivée du détective Morin. Celui-ci était un homme d’une quarantaine d’années, à la face imberbe, aux traits énergiques. Deux yeux investigateurs pétillaient d’intelligence brillaient derrière ses binocles.

Le baron lui fit l’accueil le plus aimable et, à la demande du détective, le mit tout de suite au courant des événements qui s’étaient déroulés au château.

M. Morin lui posa quelques questions relatives au signalement du faux comte de Savignac, puis, accompagné du baron, il visita le château et le domaine de Carteret.

— Je ne serais pas étonné, dit le détective, que l’aventurier dont vous me parlez ne fût un jeune homme qui eut maintes fois déjà maille à partir avec la police : c’est un gentilhomme cambrioleur dont l’audace est étonnante et qui possède à la perfection l’art de se métamorphoser ; on l’a, pour cette raison surnommé « L’homme Protée ». Voici sa fiche anthropométrique.

Et M. Morin tira de son portefeuille un portrait qu’il montra au baron en disant :

— Ne reconnaissez-vous pas dans cette tête celle du faux chevalier d’Arsac ?

— Non, je n’oserais l’affirmer.