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Feuilleton du COURRIER DE SION
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Que l’on cerne le château ! s’écria d’Arsac. Nous l’empêcherons de sortir d’ici.

Le chevalier comprenant qu’il était plus sage d’agir méthodiquement, avait abandonné la poursuite. Comme un général, il donnait des ordres précis aux membres de la domesticité accourus en masse. Il désigna à chacun le poste qu’il devait occuper, puis il reprit ses rechercher dans le château.

Pendant ce temps, deux domestiques et l’intendant continuaient de poursuivre le faux d’Arsac à travers les chambres et les couloirs. Ils étaient sur les talons du fuyard et, par instants, n’en étaient éloignés que de quelques mètres. Parfois, une porte seule en s’ouvrant et en se refermant rapidement les séparait.

Se sentant perdu, voyant toutes les issues gardées, l’imposteur descendit dans les caves qu’avait abandonnées toute la domesticité. Mais l’intendant et les deux valets ne le perdaient pas de vue et continuaient leur chasse acharnée. L’intendant surtout, qui était attaché au baron de Carteret depuis de nombreuses années, montrait un zèle admirable. Il parvint à saisir le fuyard ; mais celui-ci d’un geste brusque s’arracha à son étreinte et il s’enfuit dans une cuisine voisine.

On entendit le bruit d’une porte se refermant avec fracas.

L’intendant poussa un cri de triomphe.

— Il est là ! rugit-il. Il vient de s’enfermer dans le water-closet. Je l’ai vu entrer. Nous le tenons !…

En un instant, le bruit se répandit que le fuyard était pris !

Le baron de Carteret accourut dans la cave. Devant le water-closet, il aperçut son intendant acculé à la porte pour empêcher le prisonnier de fuir. Devant lui se tenaient le chevalier d’Arsac, un revolver au poing, et des domestiques armés de poignards.

— Il est là ! répétait l’intendant avec une joie triomphante.

— Vous l’avez vu entrer ?

— Oui, monsieur le baron, et M. le chevalier d’Arsac en pénétrant ici en même temps que moi a vu aussi le bandit s’introduire ici.

— Oui, dit à son tour d’Arsac, il est là, je l’ai vu s’enfermer. Nous le tenons. Y a-t-il des policiers en haut ?…

— Je vais les avertir, répliqua d’Arsac. Leur présence là-bas est désormais inutile ; ici ils pourront procéder à l’arrestation du bandit.

Le chevalier se retira, tandis que l’intendant et les domestiques gardaient la porte. Quelques instants après, le commissaire et un policier accoururent revolver au poing.

Le magistrat fit les sommations d’usage, auxquelles il ne fut pas répondu.

— Nous allons enfoncer la porte, dit-il. Mais que tout le monde soit prêt à intervenir en cas d’alerte. Le bandit est capable de tout… il se défendra avec la dernière énergie.

Tout le monde attendit, armé. Sous une poussée formidable, trois hommes enfoncèrent la porte.

Un suprême cri d’étonnement retentit alors. Le cabinet où le fuyard avait été acculé était vide !

L’imposteur avait disparu ! Bien que ce fait fût impossible, le faux d’Arsac avait fui. Par où ? Nul n’eût pu le dire.

Ce phénomène tenait du prodige, le cabinet n’ayant d’autre issue que la porte !

Tous les assistants se regardèrent avec effroi. Le commissaire se livra à des investigations qui n’aboutirent à aucun résultat. Puis, il décida de continuer ces recherches à travers