Page:Boué -Le Roi des aventuriers, 1932.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
Feuilleton du COURRIER DE SION
— 35

— Maintenant, dit M. Poiroteau, il s’agit de découvrir une issue pour sortir de ce maudit souterrain.

— Je crois que nous devrons nous diriger du côté d’où vous veniez, remarqua la jeune femme. C’est de là que vient l’homme masqué qui m’apporte ma nourriture.

La comtesse de Savignac et M. Poiroteau se mirent en marche. Enfin, ils arrivèrent devant un escalier qu’ils gravirent. Ils se trouvèrent devant une porte qui n’était fermée qu’au loquet.

M. Poiroteau l’ouvrit et ils pénétrèrent dans un long corridor ; ils se trouvèrent dans une habitation.

M. Poiroteau vit la porte de la rue ; mais celle-ci était fermée à clef. Il entra avec prudence dans une chambre du rez-de-chaussée ; elle était déserte. Il ouvrit sans peine une fenêtre.

— Nous pouvons fuir par ici, Madame, dit-il. Ne perdons pas de temps !

Un instant après, la comtesse de Savignac et M. Poiroteau étaient au dehors. Ils se trouvaient en face de la ferme que le créancier avait remarquée quelques instants avant qu’il ne fût arrêté par le prétendu chevalier d’Arsac.

— Fuyons, madame, fuyons ! disait M. Poiroteau d’une voix tremblante en entraînant la jeune femme dans la campagne. Si on s’aperçoit notre fuite, nous sommes perdus !…

Moins d’une heure après, tous deux arrivèrent au château.

La comtesse introduisit Poiroteau dans la chambre où ses parents se tenaient d’habitude le soir. Mais comme les deux fugitifs en franchissaient la porte, ils reculèrent tous deux avec effroi.

La première personne qu’ils venaient d’apercevoir, c’était le chevalier d’Arsac.

— Vous ici ! s’écria la comtesse.

— Vous ici ! répéta M. Poiroteau, tremblant de tous ses membres et craignant de se voir de nouveau enlevé et emprisonné dans une cellule humide.

La surprise du chevalier ne fut pas moins grande. Il se leva pour saluer la comtesse :

— Enfin, madame, vous êtes sauvée, dit-il en s’inclinant. Vous m’en voyez on ne peut plus enchanté.

La comtesse ne répondit pas, mais elle darda vers lui un regard de mépris que le chevalier ne remarqua point, pour la simple raison qu’il s’était tourné vers le tremblant créancier en s’écriant, avec une réelle surprise :

— Et c’est vous, Poiroteau, que je revois ici encore. Ne vous avais-je pas défendu l’entrée du château ?

M. Poiroteau ne savait que répondre. Dame ! il s’attendait à ce que le chevalier ne fût pas ravi de le revoir, après l’avoir emprisonné, mais… La comtesse de Savignac répondit pour lui :

— Monsieur est mon sauveur ! dit-elle avec hauteur au chevalier. C’est lui qui m’a aidée à sortir du cachot où vous m’aviez enfermée.

— Moi, madame ? Et vous aussi vous êtes victime de cette erreur.

La jeune femme ne répondit pas. Elle s’était jetée dans les bras de ses parents qui, avertis par les domestiques du retour inespéré de leur fille, venaient de pénétrer dans la chambre.

Au milieu de l’émotion générale, elle expliqua comment elle avait été chloroformée la nuit et enlevée par des bandits masqués. Quand elle avait recouvré ses sens, son époux — en qui elle persistait à voir le vrai chevalier d’Ar-