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Feuilleton du COURRIER DE SION
— 13

Les deux hommes gravirent l’escalier et inspectèrent le premier étage qui était désert aussi. Ils atteignirent le second, ouvrirent une porte et entrèrent.

M. Corbier étouffa un cri de surprise.

— Qu’avez-vous ? lui demanda le chevalier à voix basse.

— Ah ! monsieur, je reconnais cette chambre. C’est ici que j’ai été amené, les yeux bandés, c’est ici que j’ai accompli la sinistre besogne qui m’avait été commandée. Voilà le mur que j’ai maçonné ! On l’a recouvert d’une tapisserie de la même teinte que celle de l’appartement. Voyez : l’humidité du plâtre apparaît. Oui, c’est bien ici qu’un crime horrible a été commis.

— Continuons notre inspection ; nous examinerons cela tantôt.

Et le chevalier s’éclairant de la lampe électrique, pénétra dans la chambre voisine ; mais comme il venait d’en franchir le seuil, la porte se referma avec fracas derrière lui et six bras armés de poignards le menacèrent.

Resté dans la chambre voisine, le maître-maçon entendit une rumeur sinistre, des clameurs, des cris de rage, suivis de détonations et du bruit de la chute d’un corps.

Il se rua sur la porte ; mais celle-ci résista à ses efforts.

Derrière, le bruit s’élevait formidable.

Que faisait le chevalier d’Arsac ? Qu’était-il devenu ?

Dès qu’il avait entendu la porte se refermer menacer, il avait compris qu’on l’avait attiré dans un guet-apens.

Au lieu de reculer, d’un bond de tigre, il s’élança au milieu de la chambre et compta ses adversaires.

— Six hommes ! rugit-il, on me fait affront ! Je n’ai jamais combattu aussi peu d’adversaires !

Prompt comme l’éclair, il jeta sa lampe, leva son revolver et fit jouer le ressort de sa canne à épée : une lame longue et fine jaillit. Il était armé de pied en cape.

Les six hommes voyant leur adversaire brandir un revolver, saisirent à leur tour leurs brownings et tirèrent dans sa direction.

Mais, toujours fidèle à son ancienne tactique, le chevalier s’étendit par terre au moment où l’on s’y attendait le moins. Les balles sifflèrent, au-dessus de sa tête. Les assaillants crurent leur adversaire blessé et, poussant le cri de joie sinistre qui avait violemment frappé M. Corbier, s’élancèrent sur lui. À ce moment le chevalier tira deux coups qui ne manquèrent pas leur but ; deux hommes tombèrent.

Il y eut un moment d’étonnement, un recul involontaire des assaillants dont d’Arsac profita en abattant un troisième ennemi.

Mais les trois survivants allaient l’atteindre. Mû comme par un ressort, d’Arsac se redressa soudain et bondit sur eux : sa main droite frappa de l’épée, sa main gauche tira. Deux hommes chancelèrent.

Le dernier survivant déchargea son revolver vers le chevalier ; mais celui-ci avait fait une pirouette et se servait de l’homme qu’il venait de transpercer de son épée comme un bouclier. Sa pirouette terminée, il se retrouva en face du dernier ennemi et lui brûla la cervelle à bout portant.

Ce diable d’homme, quand il combattait était partout et nulle part. Il se déplaçait avec une agilité déconcertante et tandis qu’on croyait le frapper à gauche, il reparaissait à droite.