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Ils ont pris et repris Mulhouse
La perdront, la perdront encor ;
Colmar veille et Strasbourg jalouse
Se prépare à l’ultime effort.

Vieux lion…

Dresse-toi, secoue ta crinière
À l’écho, lance tes longs cris :
Les chacals sur notre frontière
Lèveront leurs museaux surpris.

Vieux lion…

Jette un cri de noble vaillance :
Les chacals s’enfuient vers le Rhin ;
Un deuxième : ils sont à Mayence ;
Un troisième : ils sont à Berlin !

Vieux lion…

Quarante ans, tu restas garde
Accroupi mais flairant le vent :
L’heure approche — écoute et regarde —
De bondir, debout, en avant !

Vieux lion…

Puis, demain, quand la horde noire
Aura fui dans le soir vermeil,
Tu pourras, rayonnant de gloire,
Vieux soldat, céder au sommeil !

Mais, vieux lion de Belfort,
Aujourd’hui bondis vite,
Grand lion de Belfort
Rugis clair… rugis fort !

(Belfort, 4 octobre 1914.)