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dans la salle et de se réfléchir sur la physionomie de ses auditeurs. Ils étaient à l’unisson, et sans effort, dès qu’il le leur demanda, ils commencèrent de chanter avec lui. Il ne les quitta pas qu’ils n’eussent appris ses refrains les mieux cadencés et les plus limpides. Tout le monde était ravi, et c’est de bien bon cœur que je lui donnai l’accolade.

— Alors, mon cher Botrel, ce bon apostolat de la chanson, vous le menez depuis plusieurs semaines ?

— Depuis le 30 août, qui est la date où le ministre a pris sa décision. Voilà mon carnet avec les attestations des chefs militaires qui m’ont accueilli. Vous voyez que je ne me suis pas reposé un seul matin ni un seul soir.

— Dites-moi, Botrel, ce carnet, voulez-vous me permettre de le feuilleter à mon aise ?

J’ai emporté le petit agenda à l’hôtel. On y trouve en quelques lignes l’opinion du chef de service chez qui Botrel a chanté ; et puis, en travers, deux, trois lignes du chansonnier sur sa journée. Quel joli bibelot, oh ! pardon, quelle précieuse et touchante relique de la guerre sera plus tard ce modeste livret, témoin de la bonne volonté d’un poète et des plaisirs de nos blessés.

Voulez-vous avec moi y jeter un coup d’œil ? Le 1er septembre, Botrel part de Paris à 1 h. 32 ; il arrive à la Ferté-Milon à 4 heures, il est obligé de retourner à Paris : on se bat vers Villers-Cotteret, et l’armée anglaise, protégée par son artillerie, défile sur la voie. — Le 2, il repart de Paris à 6 heures, pour arriver à Toul à 9 heures du soir. « Ville absolument fermée. Rien à manger ni à boire. Pas d’hôtel. » Il couche