Page:Botrel - Les Chants du bivouac, 1915.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

I

Quand nous franchîmes la frontière
Pour reconquérir le pays
Où, depuis la guerre dernière,
Tant d’exilés sont endormis,
Sur un ton nostalgique et tendre,
Dans le vent, les sapins chantaient ;
Nous fûmes surpris de comprendre
Ce qu’entre eux ils se chuchotaient :
Des Vosges fidèles,
Sombres sentinelles,
Comme aux anciens jours,
Les sapins d’Alsace
Parlent à voix basse,
En français toujours,
Toujours !

II

Le lendemain, — c’était dimanche, —
D’un talon sonore et joyeux,
Nous martelions la route blanche
Qui descend jusqu’à Montreux-Vieux ;
Les cloches du petit village
Carillonnaient à l’unisson…
Et nous comprenions leur langage :
Et leur prière et leur chanson :
Des vertus chrétiennes,
Ferventes gardiennes,
Comme aux anciens jours,
Les cloches d’Alsace
Sonnent dans l’espace,
En français toujours,
Toujours !