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LE SANG DES BLESSÉS

Blessés, mes frères, mes enfants,
Je voudrais vous dire des choses
Comme on en dit aux triomphants
Par les grands soirs d’apothéoses ;

Je voudrais pleurer doucement
Sur votre chair endolorie,
Étancher le sang noblement
Versé pour la Mère-Patrie ;

Et, de me sentir impuissant
À soulager un peu vos peines,
Je m’épuise… de tout ce sang
Qui coule de vos jeunes veines ;

Et, moi, votre chantre, il me faut
Vous jalouser en ma nuit noire,
Ô vous qui rayonnez, là-haut,
Sur le seuil du Temple de Gloire !