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L’Étranger, terrible. — Votre frère ! Oh ! criminel ! Comment avez-vous pu massacrer votre frère ! ! !

Tous. — Lui !

Jean, se redressant, comme halluciné. — Je le haïssais… parce qu’il avait tout et moi rien… Il avait tout pris, vous dis-je : le titre, la fortune, l’esprit, la beauté et jusqu’à la femme aimée qui, elle aussi, m’avait dédaigné pour lui… Toutes les joies et tous les cœurs allaient vers lui… Vers moi, rien, ni personne ! Et j’ai écouté les hindous ; ils m’offraient une fortune, des villages à gouverner chez eux, là-bas, aux pays du soleil, des bayadères ensorcelantes et des richesses fabuleuses… que sais-je ? Je résistai longtemps… Mais, un jour, leurs fakirs m’ont envoûté, suggestionné et j’ai tué ! j’ai tué ! j’ai tué ! (Il tombe sur le fauteuil de droite en portant soudain sa main à son cœur avec une expression d’angoisse inexprimable.)

M. Duflair, montrant François. — J’aurais parié que c’était l’autre, moi !… mais celui-là jamais !

L’Étranger, à Jean. — Qu’est devenu le noir diamant ?

Jean. — Il est allé reprendre sa place au centre du Naulahka.

L’Étranger. — Qu’avez-vous reçu en échange ?

Jean. — Conduisez-moi à la cheminée… (Soutenu par l’étranger et M. Duflair, il va, chancelant, à la cheminée de gauche, fait jouer le ressort et en sort une cassette.) Là dedans… tenez… des rubis… des saphirs… des perles… de quoi redorer le blason des Kéravel, reconstruire le château, assurer désormais la fortune d’Yvon et le bonheur d’Henry. Faites à présent de moi ce que vous voudrez… mais que je n’entende plus cette voix, jamais… jamais…

L’Étranger. — Cette voix, pauvre fol, il sortait non de la gorge de votre pauvre victime… mais d’un appareil qui fonctionnait pendant la scène du crime. — Ah ! ah ! vous n’aviez pas à cela pensé ? Yvon, donnez le cylindre…