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Scène XIII

ROBERT, seul, puis un INCONNU

Robert, éteint la lampe qui éclaire la table, puis va à la chambre où s’est retiré Yvon et entr’ouvre la porte. — Il dort !… Oui, cher angelot, Noël va venir, va… quoiqu’il descende rarement chez les enfants qui n’ont plus de mère ! (Il prend derrière la cheminée un gros paquet soigneusement emballé et le pose sur le bureau, éclairé par la seconde lampe.) Voyons l’objet ! Mâtin ! cette ficelle est d’un solide !… Voyons, un couteau. (Il vient à la table.) Tiens ! celui du chemineau a disparu. Il n’a eu garde de l’oublier dans son ivresse. (Il prend un autre couteau et déballe un phonographe.) Et voilà la machine qui parle demandée ! (Souriant.) Car il faut bien aider quelquefois le petit Jésus dans l’exécution des désirs de nos enfants aux goûts par trop modernes. Des polichinelles et des poupées, des chemins de fer même, passe encore… mais des phonographes ou des aéroplanes il ne doit pas y en avoir encore dans les bazars, un peu vieux jeu, du Paradis ! À tout hasard, en voici un ! Profitons-en pour impressionner un cylindre vierge et pour dicter à mon petit gâs les conseils du petit Jésus. (Il sort un papier de sa poche.) Je rimais gentiment autrefois… Mais j’ai laissé rouiller ma lyre. Voyons… que vais-je enregistrer ? (Il lit :)

Cher Yvonnet, gai petit ange,
Par ce froid matin de Noël,
Écoute cette voix étrange
Mais qui descend, tout droit, du ciel :

Qui descend du ciel pour te dire
D’être bon pour les gueux tremblants
Et d’égayer d’un doux sourire
Leurs humbles cœurs, toujours dolents,

Et d’être bon, toujours, encore,
Et surtout, vois-tu, pour celui
Qui se raccroche à ton aurore
Pour ne pas sombrer dans sa nuit ;