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Yves. — Du couteau… on dirait celui de l’ogre !

Robert. — Veux-tu bien te taire !

Pierre-qui-roule. — Un bon ami, ma foi ! et un fidèle ! Mon nourrisseux et mon défenseur ! C’est avec lui qu’on fouille la terre pour y chercher des patates, qu’on pèle ses pommes, qu’on se coupe un bâton, qu’on taille son pain… quand on en a. Et puis, si on vous attaquait sur la route, on pourrait se défendre ; c’est solide et bien emmanché. On tuerait son homme, d’un coup, avec ça ! (Il rit.) Mais on aime mieux le planter dans une bonne miche de pain tendre… comme dans la chanson.

Yves. — Une chanson ! Tu sais une chanson, toi ? Veux-tu nous la dire, Monsieur Qui-Roule ?

Robert. — Oui, oui, une chanson, tout à l’heure, quand vous serez rassasié.

Yves. — D’abord, si tu chantes, je n’aurai plus peur de toi ! Comment qu’elle s’appelle, dis, ta chanson ?

Pierre-qui-roule. — Le Couteau ![1]

Yves. — Encore !… voilà la peur qui me reprend !

Pierre-qui-roule, se levant. — Eh bien ! voilà… je vas payer mon écot ; j’ mangerai mieux après ! (Il chante.)


Sombre et las.

Pardon, Monsieur le Métayer, si de nuit je dé-ran-ge, mais je voudrais bien sommeiller au

  1. Extraits de Chansons en Sabots, un volume in-18.