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François. — C’est bon ! C’est bon ! Je comprends. On s’en va ! quoi ! on s’en va ! (Il sort en faisant claquer la porte.)

Robert. — À bientôt, mon bon François, à bientôt !


Scène VI

Les mêmes, moins FRANÇOIS

Jean. — Toujours le même ! Vous êtes trop faible, mon frère, vous êtes trop indulgent pour cet homme, venu on ne sait d’où, s’appelant on ne sait comment et que vous avez installé soudain, ici, comme intendant. Il mange à notre table, il offense sans cesse les convenances par son rude parler. Et, cependant — Dieu me garde de vous en critiquer — vous lui avez commis la direction de vos intérêts, à croire parfois que vous avez plus de confiance en lui qu’en moi-même. Oh ! j’ai des pressentiments qui ne trompent jamais, mon frère ; croyez-moi ; cet homme, je le sens, doit traîner après lui un passé lourd et ténébreux.

Robert. — Ah ! mon bon Jean, mon bon Jean, si tu savais qui il est, tu ne parlerais pas ainsi.

Jean. — Qui il est ? Eh bien, d’où sort-il donc, ce bourru mystérieux ?

Robert. — Ah ! j’admire tes pressentiments, en vérité ; c’est…

Jean. — C’est ?…

Robert, après avoir été fermer les portes. — Eh bien !… Jean… ce secret m’étouffe à la longue et il faut bien que je te le confie. Jean, mon bon Jean, cet inconnu… c’est…

Jean. — Allons !

Robert, dans un élan. — C’est notre frère !

Jean. — Notre frère ? le déserteur ? Celui que, depuis vingt ans, nous croyions mort ?