Oui, c’est moi qui veille, dans l’ombre
Du sépulcre lugubre et sombre
Où, tout vivant, je suis muré ;
Oui c’est moi, c’est bien moi, poète,
Le cœur joyeux, aux jours de fête…
Aux jours de défaite, navré !
Que de fois ai-je, de la sorte,
Pleuré sur la Victoire morte,
Et de joie ensuite bondi
Lorsque s’en revenaient, joyeuses,
Les phalanges victorieuses
Sous les palmes que l’on brandit !
Oui, c’est moi qui forgeai des épées
Pour vos anciennes Épopées…
Mais qui m’endormirai, joyeux,
Quand, libre enfin de toute étreinte,
Mon Pays n’aura plus en son âme une crainte,
Plus une larme dans ses yeux !
D’ici là, chaque fois, Bretons, que sur la France
Fondra quelque Ennemi méditant son déclin,
Moi, le cœur de Guesclin ressuscité soudain,
Je lancerai mon cri de Guerre et d’Espérance :
« Notre-Dame-Guesclin ! »
Orgues, chantez vos hymnes solennelles !
Cloches de Saint-Sauveur, de vos battants épais
Rythmez, rythmez vos Chansons fraternelles !
C’est aujourd’hui la fête de la Paix !