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Je tendais à la Parisienne
Ma main de rustre aux doigts tremblants :
Elle y laissait tomber la sienne,
Sa main si douce aux doigts si blancs ;

Alors, nos courses vagabondes
Reprenaient comme aux jours défunts :
Le vent baisait ses boucles blondes
En reconnaissant leurs parfums ;

Moi, regardant les pâquerettes
Que foulaient ses petits souliers
J’enviais le sort des fleurettes
Pour mourir sous ses petits pieds !

Et je me surprenais à dire
A l’hirondelle : « Oh ! reste encor ! »
Et je criais dans mon délire :
« Restez fleuris, beaux genêts d’or ! »

Mais Dieu, qui nous trace nos Voies,
Veut les Nuits sombres près des Jours,
Nos Larmes proches de nos Joies,
Les Départs tout près des Retours…

Et c’est ainsi qu’un soir d’Automne
Où nous étions assis tous deux
Dans la triste lande bretonne,
Parmi les ajoncs épineux,

La déjà si grande Germaine
Me dit en me prenant la main :
« Mes parents vendent leur domaine,
« Nous rentrons à Paris, demain.