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Les Doux ont le sommeil joyeux,
Peuplé de rêves bleus et roses ;
Les Méchants ne ferment les yeux
Que pour rêver d’horribles choses :
À peine sont-ils endormis,
Le Cauchemar vient les étreindre…
Plaignons les Méchants, mes amis :
Les Méchants sont des gens à plaindre !

Les Bons ont un tel appétit
Qu’on dit, parfois, qu’ils exagèrent !
Celui des Méchants est petit
Et c’est tristement qu’ils digèrent :
Tous leurs mets ont un goût de fiel
Que je ne saurais vous dépeindre !
Plaignons les Méchants, juste Ciel !
Les Méchants sont des gens à plaindre !

Les Bons et les Doux vivent vieux :
C’est eux qui font les bons grands-pères
Les Méchants et les Envieux
Sont rarement quinquagénaires !
Puis, quand les Doux s’en vont aux Cieux,
Les Méchants vont, dans l’Enfer, geindre !
Plaignons-les… et prions pour eux :
Les Méchants sont des gens à plaindre !

ENVOI

Princes de l’Envie et du Mal,
Je vous démasque — à quoi bon feindre ? —
Bavez ! sifflez ! tout m’est égal :
Ce n’est pas moi qui suis à plaindre !








(Cette poésie est éditée séparément. — G. Ondet, éditeur.)