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Un merle, aussi noir qu’un diable,
Consacra vile l’union ;
Un vieux capucin vénérable
Donna sa bénédiction :

Puis, ensuite, au bal, sur la mousse,
Vous n’avez dansé qu’avec moi,
Me parlant d’une voix si douce
Que je croyais mourir d’émoi.

Mais ce ne fut pas sans murmures
Que nous quittâmes le festin :
En avons-nous mangé des mûres
Et picoré du bon raisin !

Pour finir, vous m’avez grisée
Sans pitié, monsieur l’enjôleur,
En versant l’exquise rosée
Dans le calice d’une fleur.

Si bien que je perdais la tête,
Chancelant comme les roseaux…
C’est joli pour une fauvette
Qui sort du Couvent des Oiseaux !

Comme, la nuit, je suis peureuse,
Tous deux nous prîmes notre vol,
Pendant que la mésange, heureuse,
Fuyait avec son rossignol.

Et, ma foi, puisque j’entends dire
Que j’atteins l’âge de l’amour,
Comme eux deux je voudrais construire
Un beau petit nid, à mon tour.