Page:Botrel - Contes du lit-clos, 1912.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et je ne veux pas qu’elle pleure
Surtout, surtout en ce moment !
Songez !… je ne suis pas majeure
Il nous faut son consentement !

Je vous écris donc, en cachette,
Sur la feuille d’un romarin :
La crainte me trouble la tête ;
C’est pourquoi je griffonne un brin.

Et, tandis que ma plume folle
Cause gaîment de l’avenir,
Auprès de vous mon cœur s’envole
Sur les ailes du souvenir.


Nous nous vîmes, à la vendange,
Tous deux, pour la première fois,
À la noce d’une mésange
Avec un rossignol des bois.

Vous escortiez une hirondelle
Qui n’y voyait plus que d’un œil ;
Pour moi, je m’appuyais sur l’aile
D’un vieux galantin de bouvreuil.

D’un commun accord, nous quittâmes
Nos compagnons laids et quinteux,
Et, côte à côte, nous marchâmes
Sans plus nous inquiéter d’eux.