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… C’est alors que, voyant ma Douleur sans pareille,
Un fier coquelicot m’a dit : « Je la connais :
La lèvre de ta Douce est plus que moi vermeille ;
Or, puisqu’Elle a ma bouche, elle ne ment jamais ! »

C’est alors qu’un bleuet m’a chanté même antienne :
« Je connais ton Amie et je connais ses yeux ;
Ses yeux ont la couleur du ciel… aussi la mienne ;
Elle ne ment jamais puisqu’Elle a les yeux bleus ! »

Et c’est alors, enfin, qu’une humble pâquerette
M’a dit. « Effeuille-moi, trop incrédule amant !
Arrache, sans pitié, vite, ma collerette
Vois, Elle t’aime, un peu, beaucoup… énormément ! »

Alors, j’ai tendrement baisé chaque fleurette ;
Puis, rebouclant mon sac, malgré l’ardent Midi,
J’ai repris mon Chemin, en chantant à tue-tête,
Sûr d’être aimé… puisque les Fleurs me l’avaient dit !




(Cette poésie est éditée séparément. — G. Ondet, éditeur.)