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On les a traités de fous téméraires…
Où sont-ils allés ? Nul ne le saura…
… Ils sont au pays, pays chimérique,
Plus lointain que l’Inde et que l’Amérique
Qu’on a baptisé du mot : Inconnu !
Au pays d’oubli, d’extases divines,
Pays des coraux et des perles fines…
… Et voilà pourquoi nul n’est revenu !… »

Savez-vous pourquoi, désertant les flots

Couleur d’émeraude,
Le Vent rôde, rôde

Autour des lits-clos ?

               « Hou ! hou !
Et voilà pourquoi, lorsque viendra l’heure,
Tous, vous quitterez la mère qui pleure
Pour Celle de qui nous parlons tout bas…
Mais, en attendant, reprenez vos sommes ;
Demain, vous serez de beaux petits hommes :
La Fée aux yeux verts aime les beaux gâs !
                Hou ! hou ! »

Et le Vent rôdeur retourne à la grève…
Et les moussaillons font un joli rêve
Dans le creux douillet de leur oreiller :
Ils font leurs adieux à la maisonnée,
Ils rêvent que l’heure est déjà sonnée
Où leurs bâtiments vont appareiller !…

Et voilà comment, pourvoyeur des flots

Couleur d’émeraude,
Le grand Vent qui rôde

Fait les Matelots !




(Cette poésie est éditée séparément. — G. Ondet, éditeur.)