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LES MOULINS À VENT




Au temps jadis, en Bretagne,
Tout en haut d’une montagne
— Sans doute le Menez-Bré —
Il était un pauvre hère
Qui, pour un maigre salaire,
Broyait le froment doré.

Nul ne connaissant les Aile
Qui virent au vent, si belles,
Sous le grand souffle de Dieu,
Tel le Samson de la Bible
Tout seul il tournait le Crible
Et la Meule en granit bleu ;

Tels, par les glèbes bourrues,
Les bœufs mènent les charrues
Sous l’aiguillon mugissant,
Tel, voûté, cagneux, difforme
Il tournait sa Meule énorme,
Pleurant des larmes de sang ;

Il tournait, tournait sur place
Malgré les Hivers de glace
Et les Étés étouffants ;
Il tournait sa lourde Meule…
Pour nourrir sa vieille aïeule
Et sa femme et ses enfant !